Centre de Plongée ISA

Les épaves de la baie de douarnenez la perle Centre ISA

Récifs artificiels

La baie abrite plusieurs épaves, notamment trois navires (la Meuse, le Castel-Meur, la Perle) et un avion (le Dark Victor). Les trois navires, qui partagent un même destin, en tous sombré à leur manière.

La Meuse

« La Meuse est le plus ancien », commence Thierry Coadou, président du DAC (Douarnenez Aqua Club). « C’était un bateau de guerre, un aviso, construit en 1917, puis désarmé en 1939, avant-guerre.
Il servait de cible pour d’autres navires et a coulé au milieu de la baie en 1945. Il a la coque retourneée ».

Plus de 70 ans plus tard, « il ne reste pas grand-chose de l’épave », décrit le président du club de Plongée, créé en 1971. Depuis 40 ans, ses plongeurs s’aventurent autour des bateaux naufragés.

Les épaves de la baie de douarnenez la meuse Centre ISA

Le Castel-Meur

Le chalutier semi-industriel et à pêche arrière Castel-Meur, construit en 1975 à Courseuilles-sur-Mer, en chantier pour carénage à Douarnenez, bascule lors de sa remise à l’eau le 18 juin 1976 ; il fallu faire venir une grue spécialisé d’Allemagne pour le remettre d’aplomb, mais les dégâts étant considérables, le bateau fut abandonné dans le port, devenant une épave encombrante.

Il fut finalement remorqué et coulé au milieu de la baie de Douarnenez le 17 mai 1984 pour servir de site d’abri pour les poissons.

La Perle

Puis, quelques mois plus tard, c’est la Perle, Chalutier et navire-école, qui sombre.

Le 16 décembre 1984, la Perle remontait de Lorient vers Douarnenez. A bord se trouvait son équipage composé de 13 hommes, ainsi que 17 élèves en formation, accompagnés de leurs professeurs. En fin d’après-midi, alors qu’il passait au nord de la pointe du raz, le navire école talonna les roches de la Basse Jaune au sud ouest du cap de la chèvre. À la suite de la collision, une voie d’eau s’est déclarée, mais la situation était sous contrôle. Les secours alertés par VHF, arrivèrent rapidement sur les lieux. Sans plus d’inquiétude, la vedette SNSM de Douarnenez et celle de l’île de Sein, prirent la Perle en remorque pour l’amener à la côte, de façon à procéder aux réparations en toute sécurité.

Mais malgré les pompes apportées par les vedettes SNSM pour renforcer les pompes de cales de la Perle, l’eau montait toujours et envahissait les cales. La voie d’eau était finalement beaucoup plus importante que ne le laissaient croire les premières constatations. Malgré tous les efforts des sauveteurs, la Perle, coula à l’entrée du port de Douarnenez. Les hommes purent être récupérés sains et saufs par les canaux de la SNSM. Au moins l’incident ne s’est pas transformé en drame.

Après expertise, l’État propriétaire du bâtiment renonça finalement à envisager une réparation qui aurait coûté aussi cher que la réalisation d’un chalutier neuf. La Perle allait quand même être renflouée, mais pas pour reprendre à la mer…

L’épave ne pouvait être laissée à l’endroit où elle avait coulé, car elle est encombrait l’arrivée sur le port de Douarnenez et gênait la navigation. Il fut donc décidé de la renflouer pour la déplacer.

Epave de la perle ISA

La tâche fut confiée à une entreprise spécialisée, mais l’opération n’était pas une mince affaire. La méthode de renflouage la plus adaptée à ce cas, consistait à insuffler de l’air dans la coque, pour alléger l’épave et la faire décoller du fond pour ensuite la tracter. Les opérations débutèrent mi-janvier 1985.

Le 24 mars 1985, après trois mois de travail, l’épave fut enfin déplacée vers le milieu de la baie où elle trouva sa dernière demeure qu’elle occupe aujourd’hui avec deux autres épaves voisines, la Meuse et le chalutier Castel–Meur pour servir de récif artificiel.

Les 3 épaves reposent désormais au centre de la baie de Douarnenez, à la latitude 48° 09′ 218 N et la longitude 4° 24′ 737 W, par 33 mètres sur un fond de sable. Le trio est devenu un site très visité par les plongeurs à cause de la richesse de la vie qui s’y est développée. Les trois coques ont parfaitement rempli leur mission de récif artificiel. Les tacauds forment parfois des nuages scintillants qui arrivent à cacher les structures des épaves, tellement ils sont en bancs compacts. La vie fixée y est exubérante.

Les plongeurs peuvent passer facilement dans la timonerie, et sont parfois surpris par des bars qui glissent rapidement par les sabords. Un spot à ne pas manquer si vous allez plonger dans la région…

Désormais installés confortablement au fond de la baie, ces trois naufragés se sont reconvertis dans l’immobilier. « Ce sont de véritables habitations pour la faune aquatique », décrit Thierry Coadou. « Les petits poissons trouvent de quoi se cacher, ça attire les prédateurs et ainsi de suite. » 

Sur les photos du plongeur professionnel, les épaves sont recouvertes de coraux aux couleurs éclatantes. Homards, Congres, Lieus et autres crabes partagent la tôle de ces immeubles sous-marins. « Autour des épaves, il n’y a pas tant de richesses. »

Pourtant, les épaves sont amenées à disparaître puisqu’elles ne sont pas entretenues. « Nous n’allons plus à l’intérieur, c’est devenu trop dangereux. On essaye de faire en sorte qu’elles soient balisées par un mouillage fixe, pour que les ancres ne tombent plus dessus lors des mouillage à proximité », confie Thierry Coadou.

Crédits photo plongee-info.com

Le Dark Victor

Les épaves de la baie de douarnenez le dark victor Centre ISA

Le 5 août 1944,1 bombardier britannique s’abîmait en mer après une mission au-dessus de la base sous-marine de Brest (Finistère). Il a 75 ans, un avion de six cents 617e Squadron de la Royal. Air Force a été abattu par l’armée allemande. Il s’est écrasé dans la baie de Douarnenez, environ un demi mile au nord-est de l’île Tristan.

« De l’avion, il ne reste plus rien. Au fond, avec Marcel, on avait remarqué de la moquette à l’intérieur des réservoirs et posé la question de l’intérêt à un ancien pilote anglais que nous avions rencontré. Il nous avait dit que cela permettait de limiter la perte de carburant, lorsque les réservoirs étaient criblés de balles. La moquette se refermait partiellement après l’entrée des balles et permettait sans doute d’aller un peu plus loin. » raconte Anne COLLON qui, avec son mari Marcel, a créé le centre de Plongee Isa en 1981.

Comme 14 autres bombardiers Lancaster de la même unité, le Dark Victor vise la base sous-marine allemande de Brest. Alors qu’il survole la ville, l’avion est atteint par l’artillerie antiaérienne allemande.

Deux membres d’équipage sont grièvement blessés : le navigateur, Roy Welch et le radio Réginald Pool. L’aile droite de l’avion est en feu. Le pilote, Donald Cheney, entre alors, dans un jeu de va-et-vient. Il court entre les commandes de l’appareil et Réginald, son meilleur ami. Il l’attache au parachute et le fait sauter. Cette tentative désespérée pourrait lui coûter la vie, mais Donald Cheney prend le risque.

Le temps passe. Les accès de sortie ne sont désormais plus praticables. Le pilote s’extrait par le dessus de l’appareil. « Il n’avait qu’une chance sur deux de s’en sortir vivant. Il n’était pas si probable qu’il passe entre les ailerons », explique François Cadic, président du conservatoire d’aéronautisme de Cornouaille qui a mené un travail de recherche.

Finalement, le pilote canadien a eu de la chance et atterri dans la baie de Douarnenez. Il reste une heure avant d’être repêché par cinq Douarnenistes.

Les hommes sautent en parachute, les uns après les autres, sauf Reginald Pool, trop affaibli. Sur les sept membres de l’équipage, trois soldats ont été tués : le sous-lieutenant et navigateur Roy Welsh, le mitrailleur de queue Noël Wait, et le radio Réginald Pool.

Le lieutenant et pilote, Donald Cheney, fut recueilli par des marins Douarnenistes, puis hébergé par l’administrateur des affaires maritimes, Aristide Québriac, l’un des responsables de la résistance locale.

Le bombardier sergent chef Len Curtis fut, lui, capturé par les Allemands, puis libéré par l’armée américaine après la reddition des troupes allemandes de la presqu’île de Crozon. Le sergent Jim Rosher, mécanicien, fut aidé et hébergé par la famille Le Bot, à Plonévez-Porzay. Quant à l’adjudant-chef Ken Porter, il fut pris en charge par les forces françaises de l’intérieur (FFI) et emmené au château de Tréfry.

Source: cet article est paru sous la signature d’Alain MARHIC, dans la numéro 29 de la revue de l’Association des Plaisanciers de Morgat (APM) en 2022 et publié avec l’aimable autorisation de l’APM.

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